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Acceptons-nous que quelques structures américaines privées : Google, Twitter, Facebook et d’autres grands médias détenus par une minorité de fortunés ajustent les proportions de ce qui doit arriver, ou non, jusqu’aux oreilles des citoyens ?

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Comment les banquiers américains et britanniques ont fait chuter Ernest MAKHNO et les paysans révolutionnaires soviétiques, au profit des bolcheviques.
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Ou comment les bourreaux russes étaient aux ordres des banquiers anglo-saxons.

Avant de visionner la vidéo sur la vie d’Ernest MAKHNO, il convient d’examiner le contexte de la défaite, y compris le rôle joué par les banquiers américains et britanniques dans la victoire du capitalisme d’Etat des bolcheviks.

Article mis en ligne le 25 décembre 2017
dernière modification le 8 avril 2024

par Ni dieu ni maître
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Pour comprendre le contexte de la vidéo, examinons d’abord les couleurs et les forces en présence.

  L’armée blanche était tsariste.

  Par rouges il faut entendre le camp des bolcheviques. (marxistes autoritaires)

  Le verts étaient composés des partisans d’Ernest MAKHNO, paysans communistes libertaires (50 000 combattants) mais aussi des partisans d’Alexandre ANTONOV paysans socialistes révolutionnaires, (également 50 000 combattants durant la révolte de Tambov). Ces derniers prônaient le multipartisme et la propriété individuelle.

 Le parti du socialiste révolutionnaire (et démocrate) KERENSKY joua également un rôle déterminant mais éphémère comme nous le verrons.

Sous réserves d’erreurs de traductions voici des extraits de l’ouvrage de Grace Baumgarten paru le 5 août 2016 « Cannot Be Silenced (English Edition) »

« Quand Anthony Sutton a fait des recherches sur les dossiers de renseignements du Département d’État, il a trouvé plusieurs références montrant que William Boyce Thompson a donné 1 million de dollars à Lénine. En outre, Sutton a constaté que Lénine avait nationalisé toutes les banques en Russie à l’exception de la Banque nationale de la ville, contrôlée par les Rockefeller, qui restait ouverte et continuait à fournir des fonds aux bolcheviks. Sutton dans son livre, Wall Street & The Bolchevik Revolution, comme le prétend Thompson lui-même dans le Washington Post du 2 février 1918, relève que Thompson donna de l’argent aux bolcheviks, et non au gouvernement provisoire dirigé par KERENSKY.

Où les bolcheviks ont-ils obtenu la nourriture et les fournitures médicales dont ils avaient besoin pour consolider leur contrôle sur la Russie ? Herbert Hoover dirigea la Mission de Secours américaine après la Première Guerre mondiale. Le 28 mai 1919, il écrivit au président Wilson : « À cause des conceptions économiques bolcheviques, le peuple russe meurt de faim et de maladie au rythme de quelques centaines de milliers dans un pays qui fournissait jadis de la nourriture à une grande partie du monde, les bolcheviks ont eu recours à la terreur, à l’effusion de sang et au meurtre à un degré où ils étaient abandonnés même par les tyrannies réactionnaires.

À ce moment-là, Lénine et ses partisans ne tenaient qu’une petite zone du territoire ; le reste du pays était sous le contrôle de ceux qui voulaient rendre la liberté au peuple russe. Considérant la brutalité et l’inhumanité des bolcheviks, on pourrait penser que la plupart des secours américains auraient été envoyés aux anti-communistes, mais ce n’était pas le cas. Herbert Hoover catalogua la destination de la nourriture, des fournitures médicales, des vêtements et de la charité d’Amérique envoyés en Russie : la nourriture, les vêtements et les fournitures médicales envoyés dans les zones contrôlées par les anti-communistes étaient trois fois moindre que ce que nous envoyions aux bolcheviks.

Pour faciliter le commerce, les bolcheviks avaient besoin d’une banque internationale. Ils ont sélectionné plusieurs anciens banquiers tsaristes et des représentants de banques allemandes, suédoises et américaines pour siéger à leur conseil d’administration. Les fonds de la banque soviétique provenaient d’Angleterre et le directeur de la division des changes de la banque bolchevik était Max May, vice-président de Guaranty Trust Company, une banque de JP Morgan. Ainsi, nous constatons que les banquiers britanniques et américains contrôlaient largement la banque centrale des bolcheviks.

L’armée russe blanche dans le sud de la Russie était dirigée par le général Wrangel. Ses forces battaient les bolcheviks jusqu’à ce que des agents britanniques lui ordonnent de retirer son armée dans la mer Noire et de quitter la Russie. On lui a dit que s’il refusait, ils couperaient sa source d’approvisionnement, et ses hommes périraient. Les agents anglais ont détruit les avions qu’il avait achetés, et finalement il a été forcé d’abandonner ses efforts pour libérer la Russie. Sur le front de l’Est, l’amiral Kolchak dirigeait l’armée anticommuniste. Lui aussi battait les bolcheviks jusqu’à ce que ses approvisionnements soient coupés par les financiers britanniques et américains qui l’avaient financé. Une fois que les banques avaient extrait les concessions économiques qu’ils voulaient de Lénine, ils cessèrent de soutenir ses ennemis. »

« Anthony Sutton a documenté le fait que le communisme russe a été financé par des banques occidentales et des sociétés occidentales depuis sa création dans son ensemble en trois volumes, la technologie occidentale et le développement économique soviétique. Dans son livre, Wall Street et la révolution bolchevique, il a documenté le fait que les banques Rockefeller et Morgan fournissaient des prêts aux bolcheviks, tandis que l’industrie américaine leur fournissait les usines et la technologie dont ils avaient besoin. Westinghouse, Henry Ford, Averill Harriman, Armand Hammer, Exxon et d’autres entreprises américaines ont construit l’infrastructure qui a permis à l’Union soviétique de survivre. »

Ainsi les « banques avaient extrait les concessions économiques qu’ils voulaient de Lénine »

En outre, selon la doctrine bolchevique, les exportations de céréales devaient financer l’essor de l’industrie d’Etat et seuls les ouvriers urbains représentaient les vrais prolétaires de la révolution.
Les paysans, supposés imperméables aux objectifs radieux de la dictature du prolétariat, étaient toujours désignés comme plus riches les uns que les autres et capables d’embaucher des salariés ou de prêter de l’argent à leurs voisins. Ils étaient dénommés péjorativement des « Koulaks ».
La nationalisation de toutes les terres qui venaient d’être partagées entre ceux qui la travaillaient dissuada les paysans de la cultiver au-delà de leurs propres besoins.
Le régime bolchevique réagit à la chute des rendements qui s’ensuivit par des réquisitions qui ne permettaient plus aux paysans de se nourrir.

Qui était Kerenski ?

Alexandre Fiodorovitch Kerenski fut membre du Parti socialiste révolutionnaire (d’inspiration démocratique, socialiste à majorité paysanne.) A cette époque la russie était rurale à 85%.
A la suite de la révolution de Février qui marque le début de la révolution russe de 1917 et provoque en quelques jours l’abdication de l’empereur Nicolas II, la fin de l’Empire russe et de la dynastie des Romanov , les socialistes révolutionnaires vont prendre le pouvoir et par la suite Kerenski forma un gouvernement à majorité socialiste. Kerenski, maître du pays, va rester aux commandes de la Russie pendant près de 100 jours.
Kerenski et les autres responsables politiques se sentent obligés de respecter leurs engagements vis-à-vis de la Triple-Entente, c’est-à-dire de continuer la guerre jusqu’à une victoire de plus en plus hypothétique.
La propagande du parti bolchevique, promet au peuple « du pain, la paix et des terres ». Les soldats du front, très réceptifs à ce discours, désertent en masse pour regagner leurs villages en amplifiant la désintégration de l’armée.

Suite au coup d’État du 25 octobre 1917 par les bolcheviks, Kerenski vivra en exil, en France jusqu’en 1940 puis aux USA.

On sait ce qu’il advint des promesses.
Le temps d’asseoir son pouvoir autoritaire, Lénine laissera les soviets autogérer les terres. Ensuite il bafouera l’engagement de donner la terre à ceux qui la cultivent et les terres seront déclarées propriété de l’Etat. Les paysans furent asservis dans des kolkhozes ou sovkhozes.

Ci-dessous des extraits du récit de Thierry Wolton dans son ouvrage
Histoire mondiale du communisme, Les victimes
CHAPITRE 22 Les damnés de la terre
[Extraits choisis qui, espérons le, inciterons à acheter l’ouvrage :]

La déception provoquée par les révolutionnaires parvenus au pouvoir alimente cette résistance paysanne. Les travailleurs de la terre, qui auraient dû être les principaux bénéficiaires des nouveaux régimes, dans des pays essentiellement agraires, ont été les premiers trahis dans leur espérance. Après avoir fait miroiter aux paysans une répartition des richesses, pour obtenir leur soutien, tous les dirigeants communistes se sont mis à réquisitionner les récoltes, à embrigader les hommes, à déporter les familles. Les campagnes collectivisées ont toutes été victimes du dogme marxiste sur l’accumulation socialiste primitive. Les « damnés de la terre », pour reprendre l’expression de Frantz Fanon sont devenus l’ivraie du communisme. Le paysan a vite été confondu avec le koulak – un mot d’origine russe appelé à connaître une universalité communiste –, qu’il fallait éliminer au nom de l’égalité proclamée. Le paysan s’est trouvé assimilé au « riche », il a été consacré ennemi du socialisme en construction. La résistance paysanne est devenue une contre-révolution à combattre. Les campagnes, qui rêvaient de liberté, ont été réduites en esclavage. Les cinq premières années du bolchevisme, celles où Lénine est en pleine possession de ses moyens, sont cruciales dans ce processus.

[…]
On sait qu’après le coup d’Etat d’octobre, son double décret sur la terre dénote l’ambiguïté de sa démarche. D’une part, il entérine le partage des grands domaines, occasionné par les jacqueries, d’autre part, il promeut la socialisation de la terre, sa redistribution en fonction des bouches à nourrir, l’interdiction du salariat agricole et de l’affermage.

Incapables de discipliner la masse paysanne, les bolcheviks laissent des comités agraires décider eux-mêmes des modalités d’application de ces décrets.

Les solutions adoptées varient considérablement d’un canton à l’autre. En laissant la bride sur le cou à la révolte paysanne, le leader bolchevique détourne l’attention des campagnes sur ce qui se passe en ville, là où le vrai pouvoir se concentre. Pendant que les moujiks s’occupent de leurs problèmes, ils se désintéressent du sort de la Constituante dont l’élection, en novembre 1917, a donné une majorité relative aux socialistes-révolutionnaires. Le danger principal vient de là pour les bolcheviks, d’autant que les socialistes-révolutionnaires sont mieux implantés dans les campagnes que ne l’est le parti de Lénine. Couper les socialistes-révolutionnaires de leur base paysanne en occupant celle-ci au partage des terres, permet d’isoler l’ennemi politique à Petrograd. Après que Lénine eut fait dissoudre l’Assemblée constituante en janvier 1918, le jour de sa convocation, le monde paysan dans sa grande majorité ne bouge pas. Le leader bolchevique a gagné sa première bataille de dirigeant totalitaire. Il peut maintenant reprendre en main les campagnes.
Les difficultés de ravitaillement dans les villes, au printemps 1918, donnent un prétexte au nouveau pouvoir pour déclarer la guerre aux « receleurs ». Des détachements armés sont envoyés dans les villages afin d’y chercher les stocks cachés. Ils sont aidés sur place par des comités de paysans pauvres créés pour la circonstance : la lutte des classes version léniniste, avec son cortège de malheurs, pénètre dans les campagnes. La radicalisation espérée par Lénine ne va pourtant pas dans le sens souhaité. Les paysans pauvres refusent les structures collectives qui leur sont proposées (des kolkhozes et des sovkhozes, déjà), les ouvriers agricoles préfèrent l’autonomie économique en obtenant des communautés villageoises une répartition plus égalitaire des parcelles. Les paysans les plus riches perdent une partie de leurs terres, mais les paysans moyens-pauvres, sur lesquels porte l’essentiel des réquisitions, menacent de se retourner contre le régime. Les comités de paysans pauvres sont supprimés à la fin de 1918. La menace des armées blanches n’est pas étrangère à ce recul. Moscou craint à ce moment-là une coalition des blancs et des paysans qui pourrait menacer la révolution.
Contrairement à ce que prétend la propagande communiste, qui cherche à ostraciser les paysans, qualifiés de « réactionnaires », la campagne russe n’a pas l’intention de se rallier à l’étendard d’une noblesse qui rêve, elle, de revenir aux anciennes structures féodales. Les villageois se trouvent pris dans l’étau de la guerre entre Rouges et Blancs, ils en deviennent les principales victimes.
Des émeutes éclatent en Russie centrale à l’été 1918.
Les réquisitions de céréales et l’enrôlement de force des hommes dans les rangs de l’Armée rouge sont à l’origine de la révolte.
La brutalité des détachements militaires venus confisquer la récolte a attisé les rancœurs, alors que les paysans refusaient de participer à une guerre fratricide aux côtés des forces rassemblées par Trotski, le commissaire du peuple à la Guerre. Les rapports de la police politique, pour les mois de juillet à novembre 1918, font état de 108 rébellions « koulaks », un mot passe-partout déjà.
Au printemps 1919, le soulèvement paysan prend une nouvelle ampleur dans la région de la moyenne Volga. Cette fois, les bolcheviks doivent faire face à une véritable armée de 20 000 à 30 000 hommes, dont une partie sont des soldats qui ont déserté l’armée rouge. Les insurgés parviennent à s’emparer de plusieurs villes avant que la répression ne fasse un millier de morts, dont 600 « rebelles » fusillés.
Cette résistance est politisée. Les soldats qui y participent ont fait leurs classes pendant la révolution de février 1917, au sein des comités de soldats apparus à l’époque. Beaucoup d’entre eux sont proches des socialistes-révolutionnaires, ils condamnent le tournant totalitaire pris par le nouveau régime. « Pour des soviets sans communistes ! », l’un de leurs mots d’ordre, révèle les désillusions provoquées par la politique des bolcheviks. En Biélorussie, une brigade de l’armée rouge se soulève, rejointe par des paysans. « Tout le pouvoir à l’Assemblée constituante, respect des libertés civiques, la terre au peuple », figure parmi les revendications avancées.
Le printemps 1919 voit apparaître des bandes armées, composées de déserteurs et de paysans, les Verts comme on va les appeler pour les distinguer des Rouges et des Blancs qui s’affrontent. Ces bandes armées se battent sur deux fronts, contre les réquisitions de grain et contre les pillages de villages que pratiquent les belligérants. Les Verts tiennent à ce moment-là la Russie centrale et occidentale, ils désorganisent les liaisons militaires. Pour le nouveau pouvoir, la menace est réelle. Près de 4 millions de déserteurs – la plupart des paysans mobilisés- ont été recensés entre l’été 1918 et la fin de l’année 1920. Les soldats quittent en masse l’Armée rouge, surtout au moment des moissons, pour ne plus revenir après. Les liens entre les déserteurs et les paysans sont forts, ils appartiennent au même monde.

La carte des soulèvements paysans correspond à l’époque à la carte des réquisitions forcées opérées par les bolcheviks : territoire des Cosaques, l’Ukraine, la Polésie biélorusse, la région de la Volga. Le mouvement s’élargit ensuite au Kouban, en Sibérie, dans les régions de Tioumen, d’Ekaterinbourg… La révolution paysanne est matée avec force. A la sauvagerie des campagnes répond la terreur du parti-Etat, qui use de tous les moyens que lui offre l’appareil répressif pour écraser ces rebelles. Les rancunes accumulées, l’incompréhension mutuelle exacerbent les passions, elles expliquent le chaos. Du côté des émeutiers, on combat l’imposture du nouveau pouvoir qui a trahi les soviets. Les bandes armées se présentent comme des « vengeurs », comme les « authentiques défenseurs des opprimés ». Elles se livrent à de terribles exactions : empalement, enterrement vivant, émasculation, crucifixion des fonctionnaires qui leur tombent sous la main.
Du coté du parti-Etat, la riposte n’est pas moins terrible. Tous les moyens de la guerre moderne – mitrailleuses, artillerie, aviation, gaz de combat – sont utilisés contre les villages insurgés. Des « détachements d’extermination » – leur nom officiel – sont chargés de « nettoyer » le terrain. A l’entrée de certains villages, on peut lire, écrit de la main des enfants : « Ne nous tuez pas ! »

Antonov et Makhno, destins parallèles

Moscou réussit à faire croire que la résistance paysanne est l’alliée de « l’impérialisme », dont des troupes interviennent en Russie au même moment. Ce mensonge finit par devenir vérité tant il correspond au cadre idéologique souhaité. L’attachement à la terre de ceux qui la travaillent, la sauvegarde de la propriété privée sont des maux absolus pour les marxistes. Les paysans, pétris de leurs traditions, incarnent l’arriération, une classe forcément hostile aux « lumières » apportées par les révolutionnaires. Leur élimination est une nécessité pour la réussite du projet bolchevique. En fait, les campagnes ne se soulèvent pas contre les idées communistes mais contre les bolcheviks qui ont confisqué l’Etat à leur profit. Après des siècles de soumission, le paysan s’est mis à goûter à la liberté en février 1917, c’est cette conquête qu’il défend. Les structures collectives que le nouveau pouvoir veut mettre en place sont qualifiées de « second servage ». Entre Moscou et les campagnes, le divorce est total : à la volonté de tout contrôler des bolcheviks s’oppose l’irréfragable désir d’indépendance du monde paysan.
En juin 1918, Lénine s’entretient avec Nestor Makhno, un révolutionnaire ukrainien, anarcho-communiste. Makhno va lever, quelques mois plus tard, une « Armée insurrectionnelle ukrainienne » qui sera d’un secours inestimable pour les Rouges, dans leur guerre contre les Blancs. Ces derniers une fois vaincus, Moscou se retournera contre les makhnovistes pour les écraser. L’entrevue de juin 1918 avec Lénine est un échange entre deux révolutionnaires qui n’ont pas la même vision de l’avenir. Dans ses Mémoires, l’anarchiste ukrainien revient sur cette conversation. Pour Makhno, la révolution est « un moyen de se libérer du joug du seigneur et du riche koulak, mais aussi de leur valet : le pouvoir politique et administratif du fonctionnaire ». L’incompréhension de Lénine est manifeste : « Il me reposa trois fois la même question et s’étonna chaque fois que je lui fasse la même réponse, à savoir que les paysans avaient identifié sur place le mot d’ordre “Tout le pouvoir aux soviets” avec la conscience et la volonté des travailleurs d’agir par eux-mêmes, sans intermédiaires », rapporte Makhno.
« “Pensez-vous que cette interprétation de notre mot d’ordre par les paysans soit juste ? me demanda Lénine.
– Oui, répondis-je.
– Dans ce cas, la paysannerie de votre région est contaminée par l’anarchisme, remarqua Lénine.
– Est-ce un mal ?
– Ce n’est pas ce que je voulais dire. Bien au contraire, il faudrait s’en réjouir, car cela hâterait la victoire du communisme sur le capitalisme et son pouvoir.
– C’est flatteur pour moi, dis-je à Lénine, en me retenant de rire.
– Non, non, je parle très sérieusement, assura Lénine. Mais je pense que ce phénomène n’est pas spontané : les propagandistes anarchistes l’ont suscité parmi les paysans et, tout aussi bien, ils pourraient rapidement disparaître…” »
Après la défaite de l’amiral Koltchak, à la fin de 1919, les paysans se trouvent libérés de l’hypothèque qui pesait sur eux, avec le risque d’un retour de l’ancien régime si jamais les blancs l’avaient emporté. Combattre les bolcheviks ne peut plus, dès lors, faire le jeu des nobles et des hobereaux. Les paysans repartent en guerre contre les Rouges. Le parti-Etat va devoir faire face à ce moment-là à deux insurrections de vaste ampleur. En février-mars 1920, les provinces de Kazan, d’Oufa et de Samara se soulèvent. Après le retrait des armées blanches, les Rouges s’y sont livrés à des réquisitions punitives particulièrement lourdes et brutales. La révolte paysanne, forte de plusieurs dizaines de milliers d’hommes armés de fourches, est une riposte aux exactions commises.
L’insurrection de « l’Aigle noir et du laboureur », comme elle est appelée, rassemble des paysans d’origine russe, mais aussi des Tatars et des Bachkirs. Tous dénoncent les réquisitions et tous refusent la politique athée du régime.
Moscou vient de déclarer la guerre à l’Eglise. Aux revendications sur la liberté et le droit de propriété s’ajoute la question religieuse. Dix mille hommes de troupe sont nécessaires pour écraser cette résistance. Trotski, qui s’est rendu sur place avant la grande bataille, avait suggéré de suspendre les réquisitions de céréales dans l’espoir de calmer les esprits. Une seconde insurrection s’étend de la province de Tambov aux régions de la moyenne Volga. Elle couvre des dizaines de kilomètres carrés et touche plus de 3 millions d’habitants dont 90% de ruraux.
Dotée d’une agriculture florissante, traversée par plusieurs voies ferrées, il s’agit d’une région nourricière pour Moscou, et d’un nœud stratégique. Ces intérêts expliquent la brutalité de la répression à venir.
La résistance prend forme en mai 1920 avec le programme adopté par le Congrès régional paysan de Tambov. Les paysans y réclament l’abolition du parti communiste, la convocation d’une Assemblée constituante sur la base du suffrage universel, l’instauration d’un gouvernement provisoire composé de tous les partis et de toutes les organisations qui ont pris part à la lutte contre les bolcheviks. Ce Congrès régional revendique également le retour de la terre à ceux qui la travaillent, l’abolition des réquisitions, la fin de la division des travailleurs en classes sociales. L’assemblée décide par ailleurs de reconnaître tous les partis, à l’exception des Centuries noires monarchistes, et se prononce pour la dissolution des organisations bolcheviques, jugées « nuisibles au peuple travailleur ».
Alexandre Antonov, un ancien socialiste-révolutionnaire de gauche, âgé d’une trentaine d’années, prend la tête de la révolte. Originaire de Tambov, Antonov a participé à plusieurs « expropriations » à l’époque tsariste. Ses actions lui ont valu une condamnation à la prison à vie sous l’ancien régime. Libéré après la révolution de février 1917, il rejoint les SR de gauche, s’active dans les soviets où son parti est majoritaire. Il se heurte déjà aux bolcheviks qui veulent prendre le contrôle des conseils ouvriers et paysans. La dissolution de la Constituante en janvier 1918, puis le bâillonnement des soviets, poussent Antonov dans la clandestinité. Réfugié dans les bois de sa région natale, à la tête d’une bande armée, il entame des actions de guérilla contre le pouvoir. Au moment où les paysans se soulèvent contre les réquisitions, il se joint à leur mouvement. En 1920, il est devenu le héros de la région. « Au début d’août 1920, la bande d’Antonov apparut pour la première fois dans le bourg d’Afanassieva et elle comptait à peine 60 hommes, précise un rapport secret de la commission de l’état-major. Les méthodes maladroites, cruelles, de la Tchéka provinciale (…), les mesures dépourvues de tact à l’égard de la paysannerie hésitante ont ému la masse et donné des résultats négatifs, contraires à leur but, poursuit le rapport : la bande ne fut pas définitivement liquidée, elle se dispersa et ensuite elle grandit progressivement, elle atteignit des dimensions très importantes en se répandant de jour en jour dans la province. » Antonov réussit bientôt à rassembler sous ses ordres jusqu’à 50 000 hommes. L’auteur du rapport souligne les qualités de ce chef, « un personnage exceptionnel avec un grand talent d’organisateur, (…) un promoteur brillant des idées socialistes-révolutionnaires et des mots d’ordre de démocratie intégrale et d’assemblée constituante ». Les actions menées par l’« armée d’Antonov » sont détaillées : « Le mouvement prend la forme d’une lutte programmée et organisée contre les organes du pouvoir soviétique : on détruit systématiquement et obstinément les sovkhozes, les kolkhozes, les communes, etc. (…) Tous les organes du pouvoir soviétique ont été entièrement détruits et (…) les représentants des soviets sont infailliblement exterminés par les insurgés. »
Cette résistance paysanne se livre également à l’agit-prop, elle distribue des tracts, tient des meetings pour essayer de rallier à sa cause la population, les ouvriers et les soldats de l’Armée rouge. Parallèlement à la lutte armée, une guerre idéologique est engagée contre « l’usurpateur », le parti-Etat bolchevique qui a confisqué la révolution.
Pour Moscou, il ne s’agit pas seulement d’écraser cette résistance, il faut extirper l’esprit rebelle des campagnes. L’offensive contre les insurgés vise à rétablir l’ordre autant qu’à exterminer les coupables, et leurs familles avec eux. Une guerre totale répond à la guerre idéologique menée par les paysans. A la fin avril 1921, sur l’initiative de Lénine, et en réaction à sa demande d’une « répression des plus rapides et des plus exemplaires », Mikhaïl Toukhatchevski est nommé commandant en chef des troupes de la région. Ancien officier de la garde impériale entré au parti bolchevique en 1918, le général a toute la confiance du nouveau pouvoir. Il s’est illustré dans la guerre contre la Pologne, il vient de liquider la mutinerie de Kronstadt emmenée par des marins et des ouvriers qui voulaient préserver les acquis de la révolution de février 1917. Son alter ego politique dans la région, le président du Comité exécutif, est Vladimir Antonov-Ovseïenko. Cet ancien menchevik a rallié Lénine en juin 1917, en même temps que Trotski. Le général et le politique sont des nouveaux convertis au bolchevisme qui doivent se faire pardonner leur passé en faisant preuve de zèle révolutionnaire à Tambov.
Ils seront sans pitié.
Contre les insurgés, l’Armée rouge mobilise toutes ses forces dans la région, soutenues par les troupes de la Tchéka. Face aux 35 000 baïonnettes, aux 10 000 sabres, aux centaines de mitrailleuses, aux 60 canons, aux engins blindés, à l’aviation qu’aligne Toukhatchevski, l’armée paysanne, qui se déplace à pied ou à cheval, n’a pas les moyens de résister. Antonov-Ovseïenko rend compte à Moscou de l’offensive : « Les bandes de bandits qui avaient fortement fondu dès le mois de mai sous l’influence du revirement dans l’état d’esprit des paysans, ont subi des coups mortels dans la première moitié de juin [du 2 au 8, la deuxième armée d’Antonov a été défaite principalement par le détachement motorisé de Konopko] (…) ; des efforts convulsifs pour rétablir la situation ont donné aux bandits plusieurs succès ponctuels (…). Mais au début de juillet, même ces débris de bandes sont liquidés l’un après l’autre par nos unités. Sur 21 000 combattants, comptés par nos services de renseignement dans les rangs des bandes au début de mai, il s’en conservait en tout et pour tout quelques centaines vers la mi-juillet, les autres avaient été tués, ou bien ils s’étaient rendus, ou il s’étaient enfuis. »
Pour liquider le dernier carré des résistants, Toukhatchevski ordonne leur gazage, une solution radicale. « Les débris des bandes défaites et des bandits isolés se rassemblent dans la forêt et se livrent à des attaques contre des habitants paisibles, écrit le général dans l’ordre n° 171 du 11 juin 1921. 1)
La forêt où les bandits se cachent doit être nettoyée au moyen de gaz asphyxiants ; tout doit être calculé de façon que la nappe de gaz pénètre dans la forêt et extermine tout ce qui s’y cache. 2)
L’inspecteur de l’artillerie doit immédiatement fournir les quantités requises de gaz asphyxiants ainsi que les spécialistes compétents pour ce genre d’opération. »
Cette méthode d’extermination avait déjà été utilisée, sous les ordres du même général, contre les insurgés de Kronstadt en mars 1921. Des centaines de paysans insurgés sont gazés. La population n’est pas épargnée. Un autre ordre, pris ce même 11 juin 1921, avalisé par le Politburo à Moscou, précise les modalités de la punition à infliger : « Afin d’arracher définitivement toutes les racines du banditisme SR, le Comité exécutif ordonne ce qui suit :
1) Les citoyens qui refuseraient de décliner leur identité seront fusillés sur le champ sans jugement.
2) La peine de prise d’otages peut être prononcée et ils seront fusillés si les armes ne sont pas rendues.
3) En cas de découverte d’armes dissimulées, fusiller le chef de famille, sur-le-champ et sans jugement.
4) Toute famille ayant hébergé un bandit est passible d’arrestation et de bannissement hors de la province, ses biens seront confisqués et le chef de famille sera fusillé sans jugement.
5) Le chef de toute famille ayant caché des membres des familles ou des biens des bandits sera fusillé sur place sans jugement.
6) En cas de fuite de la famille d’un bandit, ses biens seront distribués aux paysans loyaux envers le régime soviétique, et les maisons abandonnées brûlées ou démolies.
7) Cet ordre doit être appliqué rigoureusement et impitoyablement. Il en sera donné lecture aux assemblées de village. »
Dans son rapport envoyé à Moscou à la fin juillet, Antonov-Ovseïenko fait le bilan de cette campagne de terreur : « On a pris comme otages 3 430 individus, 913 familles. On a confisqué 157 exploitations, on a brûlé ou détruit 85 maisons. Dans la dernière semaine, le nombre de bandits et de déserteurs hors de combat a augmenté : il est passé à 16 000 ; celui des familles, à 1 500 ; celui des exploitations confisquées, à 500 ; celui des maisons brûlées et rasées, à 250. (…) Dans le district le plus rebelle, celui de Tambov, on a pris les mesures les plus sévères dans le canton de Beloe Mesto-Dvoïna, où les paysans, qui s’obstinaient à cacher les armes et les bandits, ne se sont rendus qu’après l’exécution de deux groupes d’otages koulaks. Au total, on a fusillé là-bas 154 bandits otages, on a arrêté 227 familles de bandits, on a brûlé 17 maisons, on en a détruit 24 … »
La prise d’otages comme méthode de représailles, la notion de culpabilité collective, et les camps de concentration de masse, l’arsenal de la terreur communiste, sont inaugurés à Tambov. Des villages entiers, toutes générations et sexes confondus, sont internés à ciel ouvert, en plein champ. 50 000 paysans environ, dont plus d’un millier d’enfants, subissent ce sort. Au total, 100 000 personnes allaient être emprisonnées ou déportées, et 15 000 exécutées.
A l’échelle d’un pays dont la paysannerie forme l’essentiel de la population et son socle culturel, l’écrasement de cette insurrection est l’un des événements les plus traumatisants qu’a connus la nouvelle Russie communiste. Au-delà de Tambov, c’est toute la paysannerie, dans toutes les provinces, qui est frappée par les répressions de 1920-1921, pour imposer la collectivisation. Avec les transferts de population, la division de la paysannerie en classes sociales artificielles, l’instauration des kolkhozes et des sovkhozes, la destruction de la religion et de la culture locale, c’est l’âme populaire de tout un pays qui périt à Tambov et ailleurs.
Le 8 septembre 1921, la Pravda affirme qu’Antonov a reçu « des directives de l’étranger et du Comité central du parti Cadet » (interdit) ; un rapport de la Tchéka adressé au Sovnarkom, le Conseil des commissaires du peuple, prétend de son côté que « la rébellion était organisée selon un plan général, avec le concours du capital anglo-français ». Après la liquidation physique des résistants, commence la stigmatisation de leur combat en salissant la mémoire des insurgés.
Un sort similaire est réservé à Makhno et à ses hommes, vaincus par l’Armée rouge au même moment, en cette fin de l’été 1921. L’anarchiste ukrainien une fois défait, la propagande de Moscou ne va plus cesser de le dénoncer comme un vulgaire mercenaire qui s’est mis au service des koulaks, comme un tueur féroce et un pogromiste forcené. Calomnier l’adversaire, dénaturer son combat permettent de justifier son extermination. Les similitudes entre Antonov et Makhno sont nombreuses. Ils ont le même âge, ils sont entrés au même moment en politique, avec la révolution de 1905, l’un et l’autre ont été condamnés à la prison à vie par la justice de son jeune âge. Libérés de prison après la révolution de février 1917, dans le cadre de l’amnistie générale décrétée par le gouvernement provisoire, ils ont chacun de leur côté condamné le coup d’Etat bolchevique d’octobre et dénoncé le tournant totalitaire léniniste. Ils ont par la suite commencé à mener leur combat contre le nouveau pouvoir depuis leur région d’origine – Tambov en Russie centrale pour Antonov, Goulaï-Polé en Ukraine pour Makhno –, et tous deux ont pris la tête de la résistance paysanne.
En revanche, leurs choix idéologiques diffèrent ; si Antonov est resté proche des socialistes-révolutionnaires de gauche, Makhno s’est toujours réclamé de l’anarcho-communisme. A leur égard, Moscou n’a pas mené la même politique. Antonov a été combattu dès le début par les bolcheviks, quand Makhno a été utilisé par eux avant d’être trahi. Alliés aux Rouges pour combattre les Blancs, les makhnovistes ont fini par être liquidés dès que le nouveau pouvoir n’a plus eu besoin d’eux.
A la suite de la paix signée à Brest-Litovsk, en mars 1918, l’Ukraine est occupée par l’Allemagne jusqu’à la défaite de novembre. Makhno ne reconnaît pas le gouvernement nationaliste qui s’installe alors à Kiev. Il met en place dans sa région, une Union des paysans pour promouvoir l’installation de communes agraires libres. L’entrée en force des armées blanches en Ukraine clarifie le sens de son combat. Avec ses paysans en armes, il se bat contre un retour de l’ordre ancien. Les Rouges trouvent en Makhno un allié de choix. Excellent guerrier, cavalier émérite, l’insurgé inflige de lourdes pertes aux Blancs dans des actions de guérilla éclairs. L’armée makhnoviste comprend jusqu’à trois divisions, plus de 50 000 hommes. Leurs uniformes et leurs armes, pris sur l’ennemi, sont hétéroclites, leur moral est de fer. Les combattants sont des hommes des campagnes, robustes, endurcis, habitués à vivre en plein air.
Pour Denikine, qui commande les armées blanches dans la région, puis pour Wrangel qui lui succède, les makhnovistes sont l’ennemi principal. Les deux généraux blancs leur opposent le meilleur de leurs troupes. Ce choix stratégique fait le jeu des Rouges qui voient les adversaires s’affaiblir mutuellement. Trotski est toujours resté méfiant à l’égard de Makhno. Il craint la contagion anarchiste dans ses propres troupes. En juillet 1919, des régiments rouges se révoltent, destituent leur chef et rejoignent l’Armée insurrectionnelle de l’Ukrainien. « Il vaut mieux céder l’Ukraine entière à Denikine que permettre une expansion du mouvement makhnoviste, estime à l’époque le chef de l’Armée rouge. Le mouvement de Denikine étant ouvertement contre-révolutionnaire, il pourrait aisément être compromis par la voie de la propagande de classe, tandis que la Makhnovtchina se développe au fond des masses et les soulève contre nous. »
Plus tard, lorsqu’il racontera l’épopée révolutionnaire bolchevique, Trotski précisera le danger que représentaient alors Makhno et ses idées, selon lui : « Dans cette “armée”, il n’y a aucun respect de l’ordre ou de la discipline, écrira Trotski (…). Les officiers ont été élus (…). Abusées, les masses armées deviennent un instrument aveugle aux mains des aventuriers (…). Il est grand temps de mettre fin à ce divertissement à demi koulak, à demi anarchiste. »
Le Congrès régional des paysans et des ouvriers qui se tient sur les terres makhnovistes en octobre 1919 adopte une « déclaration-projet » d’inspiration anarchiste : destruction de tout pouvoir politique ; réalisation de l’autogestion ouvrière et paysanne dans le cadre de soviets libres, sans partis politiques, groupés librement en fédérations ; organisation de l’échange direct des produits entre les villes et les campagnes. Le contraire du programme bolchevique univoque et centralisateur. Le mouvement animé par Makhno est populaire dans les campagnes, mais il souffre des faiblesses de son idéologie. La liberté totale de la presse, des organisations, des partis « révolutionnaires » qui est prônée, permet aux bolcheviks d’infiltrer la région, d’y noyauter les structures existantes, y compris l’armée des insurgés. Lorsque les Rouges retournent leurs armes contre Makhno, une fois les Blancs vaincus, le mouvement est pris en tenaille, sur le terrain militaire comme sur le plan politique, grâce à ce noyautage. Le 14 novembre 1920, les Blancs sont définitivement vaincus en Crimée, avec l’aide de Makhno.
Le 23 novembre, Lénine ordonne la liquidation des makhnovistes. La chasse à l’homme commence, elle va durer neuf mois à travers toute l’Ukraine. L’Armée rouge, la Tchéka, tout l’appareil du parti-Etat sont mobilisés dans cette nouvelle phase de la guerre civile. La popularité des insurgés auprès de la population est leur meilleure garantie, mais la terreur rouge gagne du terrain. Plusieurs fois blessé, repartant à chaque fois au combat, Makhno est finalement acculé, fin août 1921, près de la frontière roumaine. Il franchit le Dniestr avec les 250 hommes qui lui restent pour se mettre à l’abri. Il n’est pas vaincu, mais il ne représente plus de danger pour Moscou. Nestor Makhno se réfugiera finalement à Paris, il deviendra ouvrier chez Renault et mourra dans la misère en 1934. Les populations coupables d’Ukraine et de Crimée, comme celles de la province de Tambov et des régions de la moyenne Volga, n’en sont pas quittes pour autant. La famine qui frappe le pays en 1921-1922 les décime. La question de la résistance paysanne est temporairement réglée pour les bolcheviks.

Lu sous wikipedia concernant la révolte de Tambov :

« Les autorités bolchéviques ouvrirent sept camps de concentration, où au moins 50 000 personnes furent internées, principalement des femmes, des enfants, des vieillards, certains servant d’otages. La mortalité dans les camps atteignait les 15 à 20 % par mois. » […]
« Le soulèvement fut graduellement étouffé durant l’année 1921. Antonov fut tué en 1922, lors d’une tentative d’arrestation. Les pertes totales parmi la population de la région de Tambov sont estimées à 240 000 personnes au moins »

- En Ukraine les rebellions paysannes ne cessèrent pas. Les femmes y prirent une part importante.

Lu sous wikipedia concernant l’Ukraine sous Staline :

[…]
Le terme Holodomor (littéralement « extermination par la faim ») désigne la grande famine qui eut lieu en Ukraine et dans le Kouban en 1932 et 1933 et qui fit, selon les estimations des historiens, entre 2,6 et 5 millions de victimes.
[…]
Au début du XXIe siècle, la responsabilité des autorités soviétiques dans la genèse et l’ampleur de la famine (à travers la collectivisation, les campagnes de « dékoulakisation », les réquisitions excessives de denrées alimentaires auprès des paysans et les limitations aux déplacements imposées en pleine famine) est généralement reconnue, mais la question de savoir si le Holodomor constitue ou non un génocide reste âprement controversée, car de nombreux historiens discutent l’importance relative des différents facteurs engendrant la famine, ainsi que les intentions de Staline.